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Avignon 2023 : « Angela » de l’autre côté du miroir

Écrit par le 18 juillet 2023


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Publié le 15 juil. 2023 à 13:14

Il est hasardeux de parler d’inédit au théâtre et dans l’art en général (il y a toujours des précurseurs plus ou moins oubliés). Néanmoins, le spectacle du duo allemand Susanne Kennedy et Markus Selg présenté au Festival d’Avignon offre bel et bien du jamais vu. Expérience sensorielle extravagante, « Angela (a strange loop) » plonge le spectateur dans un état hypnotique, légèrement fiévreux, le déstabilise jusqu’à ce qu’il ne sache plus trop ce qu’il voit ou ce qu’il entend.

L’argument de départ est simple : une jeune influenceuse (Ixchel Mendoza Hernández) est frappée d’une maladie auto-immune qui provoque toux, fatigue, difficultés respiratoires, crises nerveuses (Susanne Kennedy s’est inspirée des effets du covid long). Recluse dans son appartement, elle se délite sous le regard vaguement contrit de son petit ami (Dominic Santia), de sa mère (Kate Strong) et de sa meilleure copine (Tarren Johnson). Entre deux posts sur Internet pour rassurer ses abonnés, elle s’abandonne à ses délires et perd peu à peu le sens du réel.

La pièce bascule ainsi dans une autre dimension, surnaturelle. Angela, guidée par une « Cupidon (ne) » armée d’un violon (Diamanda La Berge Dramm), va descendre aux enfers, disparaître, mourir pour mieux renaître et accoucher d’elle-même… par la bouche. Retrouvée ou perdue à jamais, condamnée à se reproduire, à survivre ou à mourir, elle terminera son odyssée, ahurie, sous les applaudissements de ses proches. Le monde entier est un théâtre et Angela n’en est qu’une actrice virtuelle.

Subtil ralenti

Dans ce projet singulier, la forme est reine. L’artiste multimedia Markus Selg fait feu de tout bois avec une équipe virtuose – projections en 3 D, grigris technos – pour transformer le studio fluo d’Angela en enfer de Dante : les objets flottent, on parcourt de longues rues désaffectées, des forêts en feu. Le narrateur prend l’apparence d’un chat-chien de synthèse… Le son aussi est manipulé et détourné. Les acteurs jouent comme en play-back, avec un léger décalage et un subtil ralenti. Quant au texte (en anglais), Susanne Kennedy l’a bâti en piochant dans le grand bazar des échanges sur le Net et des expressions toutes faites.

A force d’embardées surréelles, d’énigmes métaphysiques et de lentes implosions, « Angela (a strange loop) » perd probablement une partie du public, désorienté. Mais l’essentiel est ailleurs : en mélangeant jusqu’au vertige le réel et virtuel, malaise et humour acide, Susanne Kennedy et Markus Selg mettent parfaitement en relief l’absurdité d’une existence modelée par les réseaux sociaux et la technologie, où même les rêves sont mutants. En sortant du Gymnase Aubanel, on se demande si les rues d’Avignon ne sont pas des projections en 3D et si la touffeur d’un soir de juillet n’est pas le produit d’un ordinateur en surchauffe.

Angela (a strange loop)

Théâtre

de Susanne Kennedy & Markus Selg

Avignon, Gymnase Aubanel

festival-avignon.com jusqu’au 17 juillet.

Paris, Odéon-Berthier

Festival d’automne du 8 au 17 novembre.

Durée 1 h 45

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